William Sheller - J'me gênerais pas pour dire que j't'aime encore

Jusqu'à un âge avancé de l'enfance, j'ai cru que le 45 tours était juste un très joli objet noir et magique. Le son ne m'importait que peu... Et là, dans une petite brocante qui vendait des vieux meubles, j'ai trouvé entre un vieux fauteuil défoncé et un guéridon défraîchi, une pile de 45 tours. Ce fut mon premier lieu d'achat seconde main dans cette période triste où le 45 tours n'était plus produit.

Au hasard, je pris ce disque. J'avais déjà entendu William Sheller, j'aimais bien sa voix, les paroles me parlaient. Banco, je l'achetai ! Et c'est ce disque qui, coup sur coup, me donna la révélation qu'une chanson pouvait être un support d'émotion bien plus profond que prévu et qu'une face B pouvait être magique.

La pochette est déjà d'une classe absolue. On y voit un Sheller désenchanté en costard blanc, clope à la main, lunettes noires, donnant l'impression d'en avoir vécu des trucs pas cools en terme d'amour. La police utilisée pour écrire "William Sheller" tranche clairement avec le reste de la pochette, comme une petite touche seventies au milieu d'un décor austère.

Les deux chansons sont donc géniales. La face A prouve que le romantisme n'est pas mort. Certes, la fille de la chanson n'est plus là; certes, ça semble vraiment cuit mais il s'accroche à cette histoire d'amour avec hargne et style.
La musique, presque symphonique, emporte ce titre très loin, si on se laisse un tant soit peu emporter. La face B présente une musique lancinante, pas loin de la comptine, et des paroles nostalgiques, très jolies, retraçant le lien compliqué existant entre l'interprète et la vie en général, la gente féminine en particulier. Une très jolie composition.

Fiche technique:

William Sheller

J'me gênerais pas pour dire que j't'aime encore / Les petites filles modèles

Philips

1978

Paroles et musique:

William Sheller

Et la chanson (ou comment faire d'un playback un truc de dingue à la Elton John - à l'époque où celui-ci ne ressemblait pas à une vieille rombière sous cortisone - Sheller version costume rouge / piano blanc. On est en droit de se demander si tout ceci n'est pas du second degré. On dira ce qu'on voudra, William is a genius) :

Comments

[Hug]

William Sheller j'aime beaucoup, déjà parce qu'il est pianiste et moi aussi. Dommage qu'il se fasse si discret. Sa chanson "Un homme heureux" est pour moi l'une des plus jolies de la chanson française. Je suis très content que tu aies chroniqué un de ses 45 tours.