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Tout rond Tout rond, le blog des 45 tours
3 octobre 2012

Vincent Fernandel - L'enfant de l'univers

 

Vincent Fernandel

 

Il est des productions obtues. Celle-ci est clairement membre du club. Sur le papier, ça fonctionne bien; dans la pratique, ça se complique.

Vous prenez un nom connu, une chanson au titre fédérateur, un featuring sympathique et un compositeur de chansons reconnu... Et là, normalement, vous obtenez, si ce n'est pas un tube, en tout cas un petit succès et par conséquent une certaine postérité. Et puis, quelquefois, on a tout faux... Mais que les ayants droits de cette chanson effrayante ne s'inquiètent pas, je vais leur expliquer pourquoi.

Reprenons depuis le début. S'appeler Fernandel, c'est bien. Utiliser le nom, ça l'est un peu moins. L'appropriation d'un tel label est souvent casse-gueule. C'est pas parce que vous vous appelez Jean-Paul Dali que vous êtes forcément un bon peintre... Fernandel était un bon chanteur et un grand acteur... Force est de constater que la troisième génération n'a pas suivi le mouvement. Le petit Vincent Fernandel ne chante pas juste et, on va pas se mentir, pour faire un disque, c'est un inconvénient de taille.

Cela n'a donc pas arrêté le producteur qui lui a trouvé une chanson tartignolle à massacrer. A la musique, nous retrouvons Gérard Gustin, qui a composé entre autres pour Sacha Distel, Claude François, Annie Cordy ou Zanini, et aux paroles Nelly Gustin. Cette dame, qui était donc la femme du compositeur a priori, a écrit des paroles que l'on peut sans complexes qualifier de... nunuche. Vous ne me croyez pas? Extrait:

Oh je voudrais
Tellement, tellement de choses
que mon amie la rose
puisse durer longtemps

Oh ! tu voudrais
Que la forêt qui brûle
Et l'arbre qui se consume
ne brûle plus maintenant

Laissons de côté une syntaxe un peu cafouilleuse (et je n'ai pas pris l'extrait le plus incriminant), et penchons-nous sur l'emprunt assez visible d'un titre sixties de Françoise Hardy. Le champ lexical de la nature est d'ailleurs exploitée à fond tout au long de cette chanson, jusqu'au vol pur et simple donc, de formules déjà existantes. C'est drôle d'ailleurs d'exploiter les mots de la nature dans une chanson qui tente de délivrer le message contraire...

La première strophe est donc interpretée par Vincent, 9 ans à l'époque, dont le CV se limite à l'époque au nom de son grand-père et chantant comme une vache qu'on égorge comme je le disai précédemment.
Heureusement, Frank Fernandel - le papa de Vincent et lui-même fils de Fernandel - arrive au bon moment (ici, dans la deuxième strophe de notre exemple) en réhaussant le niveau désespérement plat de ce truc insupportablement rempli de bons sentiments et de stéréotypes crétins.

D'ailleurs, il suffit de voir le verso de la pochette: sur un fond rose, on peut voir quelques photos légendées (les textes sont authentiques):

  • "Vincent, l'élève rêveur de la classe" où l'on voit le petit Vincent déguisé en écolier des années 50, accoudé à son pupitre, le regard dans le vague.
  • "Frank et Vincent Fernandel, Florence et Jean-Paul Gabin", où l'on exploite jusqu'à la corde le fond de commerce des noms connus.

Et enfin, le petit texte signé Florence Moncorgé-Gabin: "Si le monde n'était fait que de femmes et d'enfants, il ne serait qu'amour. Je n'ai pourtant pas l'âme d'un philosophe, mais j'espère que les regards graves de ces enfants et de ces animaux culpabiliseront quelques hommes et en gêneront certains."

Devant ce texte sidérant de niaiserie, je reste coi... mais pas longtemps. La vision de Gabin-fille est donc, si j'analyse froidement ce monument de la pensée contemporaine,  une vision totalitaire où les mecs doivent crever à leur majorité et où le regard des enfants équivaut au regard des animaux... Et puis, franchement, c'est moi où cette phrase ne veut en fait rien dire?

Si on ajoute au lourd dossier de ce 45 tours, la production Vogue - maison de disques à l'agonie en ce début de décennie 1990 - et on obtient donc ce que je disai au début, à savoir un disque effrayant et raté. Précision importante, pour les plus sado-masos d'entre nous, le face B comporte la version solo du petit Vincent, c'est à dire 3'12" d'un enfant qui ne chante pas dans le ton... C'est extraordinaire.

 

Fiche technique:

Vincent Fernandel

L'enfant de l'univers

Master

1992

Paroles et musique:

G. Gustin / N. Gustin

 

Et la chanson:  Où l'extrait de cette intervention des deux protagonistes est entrecoupée du clip officiel, aussi nunuche que la chanson. Une bien jolie technique pour éviter de voir un playback foireux. Vincent est affublé d'un blazzer d'un autre temps qui lui fait ressembler à Sacha du groupe Début de soirée. Franck Fernandel ressemble étrangement à Anthony Quinn et brise quatre phalanges à son fils quand le refrain commence.
A noter l'apparition christique de notre Vincent Perrot préféré, toujours souriant. L'avait pas du entendre la chanson avant... S'il avait su ce qui l'attendait.

 

 

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