Richard Clayderman - Ballade pour Adeline
Oh, qu'il est joli avec sa chemise à jabots et son hideuse veste rayée rouge et noir ! Il a les cheveux ondulés et le regard coquin de celui qui est content de vendre des disques à l'extérieur de son pays et de pécho en jouant du piano sans regarder ses mains. Le succès fut particulièrement au rendez-vous à la fin des années 70 et au début des années 80.
Je me souviens l'avoir vu une paire de fois à la télé derrière son piano, dans une mise en scène tout à fait géniale: Image type David Hamilton (floue de partout, comme s'il jouait dans un sauna), des chandeliers sur le piano, une ambiance pré-orgie tout à fait assumée et des regards lubriques, certainement à l'attention du public féminin, lancés à la caméra lorsqu'il déversait sa musique d'ascenceur.
Tout ceci est bien charmant, est bien merveilleux mais quid de la qualité? Ca va peut-être vous surprendre (ou pas) mais je trouve que ce que fait Clayderman est très agréable. C'est certainement très facile (comme je n'y connais rien en solfège, je ne me permettrai pas d'apposer un avis technique) mais je trouve ça plaisant. Pas génial, pas formidable, juste plaisant. Sérieusement, je pense que Clayderman a été une porte ouverte sur la musique classique comme l'ont été ou le sont encore le Rondo Veneziano, Kimera, Andrea Boccelli ou André Rieu.
Pour un mélomane averti, ça doit faire saigner les oreilles mais pour des gens qui n'ont pas l'envie de se tourner vers la musique classique, le créneau instrumental simili-classique peut mener à une vraie envie de découvrir d'autres morceaux plus "nobles".
Après, il est difficile de nier le côté kitch du bonhomme. Richard Clayderman semble avoir toujours vécu dans un monde parallèle peuplé de châteaux comme Stéphane Bern nous en fait visiter sur France 2 tous les étés, de marquis poudrés s'esclaffant aux facéties du Dauphin, de manants faisant jongler des singes sous le regard méprisant des biens-nés. Richard Clayderman m'évoque tout ça. Pourtant, ce n'est qu'un disque... Mais ce disque a le mérite d'exciter l'imagination, le mérite d'être si universel qu'il a été un tube à travers le monde, de la France au Japon (il est un demi-dieu paraît-il là-bas) en passant par l'Allemagne où cet exemplaire a été pressé... Mais oui ! Cette pochette en papier (oui, oui, du papier, très fin...) propose quelques mots dans la langue des Modern Talking et du même coup, une promesse de postérité planétaire.
Fiche technique:
Richard Clayderman
Ballade pour Adeline / Version piano seul
Telefunkel
(pressage allemand, Delphine pour la France)
1977
Musique et... Musique:
P. De Senneville
Et le morceau: Ah mais celui-ci, je ne le connaissais pas... Voici le Clayderman à roulettes. On pourrait penser à un fond bleu mais pas du tout ! Richard Clayderman semble bel et bien sur une remorque. Un producteur vicieux a dû dire: "Puisque Clayderman est le symbole du romantisme à la française, on va lui faire traverser Paris avec son piano sur un camion de la fourrière." Le pianiste s'en sort bien, malgré le vent et les mèches qui virevoltent.