Julio Iglesias - Il faut toujours un perdant (Hey)
Les dingues de chanson française, dont je fais parti, ne loueront jamais assez TV Melody. Pour ceux qui ne connaissent pas cette chaîne plutôt confidentielle du cable, il faut dire qu'elle consiste en un robinet à vieux tubes des années 60 aux années 90 mais surtout qu'elle permet de revoir d'anciennes émissions. Ainsi, on peut admirer les émissions de Noël 1977, les vieux Champs Elysées de Michel Drucker avec l'arrivée des stars en Limousine, les Midi Première de la toujours extatique Danièle Gilbert ou encore l'intégrale pléthorique de Guy Lux. C'est d'ailleurs dans l'une de ces émissions au concept toujours un peu ésotérique que j'ai découvert la face B de ce 45 tours de Julio Iglesias.
Cette voix qui déraille, un peu plaintive, souvent geignarde, c'est donc celle de Julio. Il faut que j'avoue ici mon manque d'entrain à l'idée d'entendre ce latin-lover gominé au sourire trop blanc. Lui et Frédéric François, j'y arrive pas. Mon blog prouve toutefois à la face du monde mon côté tout-terrain en matière de variétés mais les deux-là, pas moyen.
Et puis, il y eut cette émission de Guy Lux vue par hasard un soir de rien, zapette à la main, regard dans le vague, position non conventionnée par ma kiné sur le canapé (ma position était sur le canapé, pas ma kiné. Suivez un peu...)
Ce titre consiste en un génial décalage entre la voix d'Iglesias qui roucoule sa race tout en racontant une sorte de Foule version brésilienne où notre Julio priapique frôle le colapsus à regarder une jeune fille se dandiner, et une musique très datée dont l'orchestration à base de bruits follement seventies a pris un sérieux coup derrière la tête. C'est cependant entraînant, joyeux et délicieusement démodé.
Dans l'émission sus-nommée, on pouvait voir un envahissement de plateau savamment orchestré. On devinait les assistants faisant signe aux jeunes filles du public pour rejoindre Julio sur scène. Et là, elles le touchaient, elles l'embrassaient, elles le papouillaient, elles devenaient dingues et l'émission s'arrêtait comme ça; sur l'image d'un Julio noyé sous une masse humaine et féminine, repus de reconnaissance, les culottes volaient... alors qu'aujourd'hui, ce seraient plutôt les gaines... Le temps passe.
La face A est connue mais tout comme son homologue arrière, elle m'a été révélée aussi par les medias. J'avais l'habitude, ces derniers temps, quand je n'officiai pas devant un parterre d'élèves plus ou moins acquis à ma cause, d'écouter Julien Courbet sur RTL tout en corrigeant des copies ou en montant des séquences.
Julien Courbet est drôle, c'est un fait avéré. Il a cette folie, ce sens de l'exagération du commun qui me fait me rouler par terre. A cette période (ne pouvant plus écouter la radio le matin en ce moment, je ne sais pas s'il le fait encore), il parodiait Julio sur ce titre en changeant les paroles selon la situation de l'auditeur et, soyons honnête, il en faisait une imitation outrancière désopilante. Ca m'a donné envie d'écouter l'original et je suis tombé sous le charme, comme dirait l'autre vilain de Christophe Maé (Ah tiens, lui aussi, je peux pas; c'est physique et puis quand il chante, j'ai l'impression d'assister à la castration d'un chat, c'est insoutenable).
A bien y regarder, on y parle de rupture dans cette chanson, mais ce n'est pas ça qu'on retient. La tessiture de Julio, la musique tout droit sortie d'un film olé-olé des années 70 et la latin-lover attitude de l'interprète, parfois désopilante de manière fort involontaire, donne une dimension comique inattendue à tout son répertoire.
D'ailleurs, la troupe du Splendid ne n'y était pas trompée en parodiant Je n'ai pas changé avec un Jacques Villeret déchaîné dont le morceau de bravoure débutait par l'accent allemand et finissait par une imitation surréaliste d'Yves Montand. Julio inspire la sympathie et l'hilarité.
Fiche technique:
Julio Iglesias
Il faut toujours un perdant (hey) / Une nuit de carnaval (paloma blanca)
CBS
1980
Paroles et musique:
Face A: G. Belfiore / M. Balducci / G. Ruiz / R. Arcusa / M. Jourdan
Face B: N. Norton / J. Mercury / M. Jourdan
Et la chanson: Mmmh, cette manière tendancieuse de tenir le micro (regardez bien, il titille celui-ci avec son pouce), les yeux mi-clos, un décor fleuri, la Julio touch quoi ! A noter le play-back orchestre et aussi l'apparition christique d'une chanteuse qui me semble être Karen Cheryl avant travaux, mais j'ai un doute.