Julie Pietri - Eve lève-toi
Afin de vous souhaiter une belle année 2014 pleine de jolies musiques et de souvenirs en vinyl, voici une pochette absolument splendide. Elle représente le tube ultime de Julie Pietri, élégamment débraillée, joliment décoiffée, esthétiquement hors-la-loi, si l'on considère les lois anti-tabac actuellement en vigueur. Cette clope semble d'ailleurs avoir attendu longtemps avant que la photo soit prise, vu le niveau de cendre présent et qui menace de lui tomber sur la gueule.
Hormis ce soucis technique insignifiant, Julie Pietri est tout simplement belle, hâlée suffisamment, les yeux bleus mis en avant, le port de tête noble et classe. Cette débauche de scénarisation donne une paradoxale pureté à cette photo.
Il existe deux versions d'Eve, lève-toi, l'une avec un bout d'intro et l'autre qui démarre tout de suite. C'est cette dernière qui est présente sur ce 45 tours. Ce tube incommensurable est servi par un texte obligatoirement sublime, évoquant l'impossibilité d'avoir des enfants. Elle en appelle à la première femme de l'humanité tout en égrainant des images plus ou moins érotiques, plus ou moins ésotériques, plus ou moins historiques.
Pour qui n'a jamais accroché sur "Le corps en aventure, elle s'endort" n'a décidément rien compris à la chanson populaire et la myriade de symbolismes, certes faciles selon certains, mais qui parle à beaucoup. Une belle justesse dans la voix permet le voyage par la musique, ainsi que les accents quelque peu arabisants de l'orchestration. Pour ma part, je trouve les vocalises de la fin du morceau déchirants.
La face B présente la particularité de proposer une intro au minimum syndical et une orchestration cette fois-ci très datée. Difficile de reconnaître la jolie voix de Julie Pietri derrière cet instrumental pachydermique bien trop fort et bien trop lourd. Julie Pietri semble perdue dans ce fatras musical et n'est pas aidée par un texte faible qui rappelle vaguement Jeanne mas en beaucoup moins bien et dont le titre passe-partout emprunté à François Truffaut ne sauve en rien le vide sidéral dont est constitué l'histoire.
On comprend que l'homme dont parle Julie Pietri fuit un passé déjà chargé sentimentalement mais le titre est beaucoup trop dérisoire pour espérer le retenir, seul le refrain s'en sort mais s'oublie tout de même vite. Si on ajoute un très long pont musical qui s'avère être la fin de la chanson, on se dit que vraiment, la face A est mise en avant avec raison.
Fiche technique:
Julie Pietri
Eve lève-toi / L'homme qui aimait les femmes
CBS
1986
Paroles et musique:
J. Pietri / J.M. Beriat / V.M. Bouvot
Et la chanson: Julie Pietri sur un plateau télé non-identifié (peut-être C'est encore mieux l'après-midi?) et en playback total évolue dans un décor constitué de gros tubes cerclés de néons fluos, faut-il y voir un rapport quelconque avec le thème de la chanson? Déguisée en Boy George, à moins que ce ne soit le contraire, elle fait sa chorégraphie toute seule, sans danseurs, et elle reste élégante. Fortiche...