Marie Dauphin - Y a des papous

En 1987, une petite révolution agite le monde des programmes pour enfants. En effet, Dorothée part avec armes et bagages sur TF1 fraîchement privatisée et Antenne n'a que ses yeux et Marie Dauphin pour pleurer. Et ils vont pleurer.
Devant le bulldozer "Club Dorothée", récré A2 tente vaillamment de résister ave, à l'animation Charlotte Kady et Marie Dauphin. Celle-ci est, tout comme Dorothée, une stakhanoviste du générique TV et de la chanson pour enfants (Clémentine, Lady Oscar, Bibifoc...). Avec sa jolie voix presque enfantine, elle peine tout de même à marcher sur les plates-bandes, Dorothée ayant pris depuis des années le créneau de la chanson pour les moins de dix ans, écrasant incontestablement tout sur son passage, même Chantal Goya, c'est vous dire...

Pourtant, Marie Dauphin tente un Y a des papous plutôt courageux. A la barre de cette embarcation pas si évidente, le même duo que pour Sabine Paturel, à savoir Sylvain Lebel aux paroles et Dominique Pankratoff pour la musique. Sylvain Lebel a écrit pour des artistes très variés: Charlotte Julian, Marcel Amont, Shake ou... Jean Lefebvre. Pankratoff quant à lui a travaillé beaucoup avec Patrick Topaloff. Sans pour autant parler de chansons à texte - et ce n'est pas infamant, nous allons y revenir - Marie Dauphin propose un titre pas désagréable du tout où, avec beaucoup de second degré, la chanteuse-animatrice voit les rues de Paris envahies par une sympathique peuplade qui met de la couleur et de la joie dans la grise capitale.
Certains esprits chagrins (TF1? Noooooon) ont cherché à faire passer cette chanson comme un pamphlet raciste. C'est beaucoup prêter à une chanson qui n'en demandait et n'en proposait pas tant. Des titres des Charlots (La biguine au biniou) et même de Dorothée un peu plus tard (La machine avalé) surfent sur une drôle de vague qui évoquent une autre culture avec humour mais qui en aucun cas n'est raciste... Malgré quelques commentaires encore aujourd'hui sur internet, certainement de personnes qui n'ont jamais écouté attentivement les paroles.
Las! Les ventes ne décolleront jamais et les papous seront enterrés sans tact dans le cimetière des bonnes chansons mal comprises.

La face B s'intitule Hippo-tamtam. L'intro et le refrain a clairement été repompée quelques années plus tard pour le générique de Babar sur France 3... et avec une certaine logique puisque c'est Richard de Bordeaux qui écrivit et composa les deux titres. Marie Dauphin dit qu'elle chante avec une bestiole étrange et que c'est sympa. Sinon, quoi dire de ce titre, à part qu'il valide l'idée que le 45 tours est clairement destiné aux enfants et qu'il ne faut pas chercher des débats là où il n'y en a pas.

Fiche technique:

Marie Dauphin

Y a des papous / Hippo-Tamtam

Adès

1987

Paroles et musique:
Face A: S. Lebel / D. Pankratoff
Face B: R. de Bordeaux

Et la chanson: Clip de l'époque très chorégraphié - on remarquera la souplesse de Marie Dauphin - avec la présence sympathique de Philippe Castelli dans le rôle du général évoqué dans le refrain.

Comments

[Hug]

Je veux bien admettre que cette chanson, il est vrai, met en perspective, ce qu'il est de bon ton d'appeler abusivement des "clichés", disons plutôt des coutumes, des objets tels qu'une jeune française peut se faire de la culture papoue. (Ici, les "sarbacanes", les "noix de coco", les "tams-tams" etc...). Mais ce n'est pas pour cela que la chanson est raciste pour autant.



A chaque pays sa façon de voir les coutumes d'un autre pays. En France, on utilise bien l'expression "Boire comme un polonais", résumant les polonais à leur goût pour la boisson. Est-ce pour autant que les français méprisent les polonais ? Je ne pense pas. Idem, on a tendance à dire que les italiens sont "machos", mais est-ce pour autant qu'on les méprise ?



En Angleterre, les français sont perçus comme des "mangeurs de grenouilles" et en France, mais pourtant il existe bel et bien une bonne entente entre la France et l'Angleterre. En dehors de la France, les français ont l'image de gens sûrs d'eux. Bref, à chaque pays ses coutumes et ses traditions et la façon dont on les perçoit en-dehors. Mais prendre ces considérations pour du racisme, c'est exagéré !



Là, la chanson n'est pas raciste, étant donné que la jeune fille ne fait que s'étonner de la présence de papous dans sa ville, et qu'elle finit par être amie avec l'un d'eux (Maximilien) ! Par-contre, ce sont effectivement les personnes plus âgées comme son père et les mémés qui sont démontrées comme étant racistes, mais la jeune fille (Marie elle-même dans la chanson et le clip) dit "Les mémés paniquées prennent leurs jambes à leur cou. Moi, ça me fait rigoler, j'ai pas peur des papous." puis "Les papous, tu sais papa, c'est pas du tout ce que tu crois. J'te présente Maximilien c'en est un !". En ce sens, c'est une "critique du racisme" des personnes plus âgées qu'elle faites par une jeune fille.

[Biniou Khoz]

C'est raciste. Point.

[hUGGUI]

Je trouve ton analyse très bonne !



Je parlais encore de cette chanson avec mes parents il y a quelques semaines. Je leur ai dit qu'elle avait été effectivement considérée comme étant raciste, et mon père a dit comme moi qu'elle n'est pas raciste.



En fait, c'est une chanson qui oppose les générations sur le thème du racisme. Une phrase résume tout : "Les mémés paniquées prennent leur jambe à leur cou, moi ça m'fait rigoler j'ai pas peur des papous." Et une autre aussi d'ailleurs : "Les papous, tu sais papa, c'est pas du tout c'que tu crois, j'te présente Maximilien c'en est un !". C'est la différence vue par une jeune fille qui justement rejette le racisme de son père et des personnes âgées. Je suis d'accord avec toi ceux qui postent des commentaires disant que cette chanson est raciste n'ont pas écouté les paroles !